Une chaise sous le soleil. Cannage de paille, montants jaunes. Son dossier tourne le dos à la fenêtre d’où fusent les rayons, sur le bord du rideau décoré de motifs lunaires, nocturnes. Un montant au soleil, l’autre à l’ombre. C’est une chaise partagée, qui semble hésiter entre le jour et la nuit, entre les dernières lumières de l’été finissant et la pénombre annoncée de l’hiver. Que pourrait-elle faire pour se décider, pauvre meuble immobile ?
Elle me fait penser à la chaise de Van Gogh, ou encore à celle que j’avais photographiée dans les Pyrénées, posée face à la vallée.
Invitation à contempler le paysage ou vestige oublié d’une présence en allée ? Qui était venu s’asseoir dessus, quel vieil homme méditatif conduit jusqu’ici par un fils pressé au matin d’une belle journée d’octobre et oublié depuis lors ? Son corps a disparu, mais la chaise est restée. Cette chaise dont la présence accentue la sensation de solitude face à la montagne.
Peut-être s’agit-il de la chaise funéraire sur laquelle on installait les vieux appelés par la mort pour qu’ils puissent attendre le trépas face à la beauté inhumaine du paysage. Une chaise qui faisait fonction de trait d’union entre l’ici et l’au-delà, une chaise qui ne choisissait pas, mais qui habituait à l’immobilité, à la rigidité du cadavre à venir. Une chaise pétrie de sagesse et de cruauté, un montant au soleil et déjà l’autre dans l’ombre.
Photographie : Sylvain Maresca
J’aime beaucoup la structure dutexte hesitant toujours entre deux extrêmes, poétique et parfois documentaire. A suivre, donc
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Immobilité. Dos à la lumière. Face au mur. L’assise radicale du Zazen. La chaise médite en vacuité. Ombre et lumière. Nul choix. Présence Uniquement.
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