
L’étranger
– Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ?
ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
– Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
– Tes amis ?
Lire la suite « Les nuages »
– Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ?
ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
– Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
– Tes amis ?
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Ça me prend souvent à l’amorce de la soirée, quand la journée touche à sa fin. Subitement le souvenir de la veille me traverse l’esprit, si net, si présent, que je constate avec un mélange de surprise et de dépit : « Mais c’était hier. Déjà ! » Lire la suite « On est déjà demain »
« Vivant, j’aimais la vie.
Mort, la mort m’aimera. »
Mon père aima la vie, c’est certain, au point de refuser de se soigner. En dépit du cancer qui le rongeait, il ne voulait pas devenir malade, s’installer dans cet état végétatif et dépendant, cette demi-vie qui prolonge l’existence en la restreignant, le corps affaibli qui, pour s’économiser, tend vers l’immobilité sans parvenir à calmer l’esprit aux abois, en prise permanente avec le train des douleurs et son chargement d’angoisses. Il résista, s’efforça de profiter de la vie qui lui restait, et fut emporté, encore jeune, par la maladie en quelques mois.
Nous découpons dans le temps comme nous trancherions un gâteau pour y délimiter des unités qui rythment notre existence. Ainsi faisons-nous le temps discontinu, de seconde en seconde, en minutes, en heures, selon le battement régulier de l’horloge qui pourtant nous angoisse par son rappel obstiné. Nous retournons des sabliers pour mesurer des tranches de temps à notre convenance. Nous disposons désormais de toutes sortes de minuteries, de chronomètres qui nous procurent l’illusion de maîtriser cette substance sans matière ni durée. Nous campons sur le fuyant avec la certitude de chefs de gare.