Quand mes mots deviennent les leurs

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Photos :

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Sylvain Maresca

Ils sont assis autour d’une table et parlent de photos qui les incitent à tour de rôle à dévoiler des pans de leur vie. Ils y passent du temps, le sujet est inépuisable. Il peut même faire resurgir des figures oubliées, des secrets tus depuis longtemps.

Je les écoute parler comme un témoin indiscret. Je suis tellement pris par leurs échanges, les expressions, les émotions qui se lisent sur leurs visages, que j’en oublierais presque l’artifice de la situation : de fait, ils sont en train de répéter une pièce de théâtre que j’ai écrite, en vue d’en donner une première lecture publique. Ils sont devenus suffisamment familiers du texte pour commencer à s’approprier leurs personnages, à savoir comment rendre telle nuance, telle couleur de leur propos. Ils deviennent vivants. Et je regarde, incrédule, s’accomplir cette alchimie : mes mots, jetés sur le papier, prennent vie en sortant de leur bouche comme s’ils venaient de les inventer, de les énoncer à l’instant. Ce qu’ils disent me surprend. Il me faut faire effort pour me rappeler que j’ai écrit chacune de leurs répliques, je ne sais même plus comment elles sont apparues sous ma plume.

Il s’opère à cet instant une forme de dépossession : mon texte m’échappe dans le même mouvement où il s’infiltre dans l’esprit, le corps et le verbe de ces interprètes du moment qu’il anime selon des ressorts qui me demeurent en grande partie inconnus. Ils me surprennent et de cette surprise naît la sensation d’avoir donné vie à quelque chose. C’est magique.

Je fais certainement figure d’ingénu par comparaison avec des auteurs de théâtre chevronnés. Je n’ignore pas non plus que certains peuvent se sentir trahis par la manière dont leurs oeuvres sont parfois mises en scènes ou interprétées. Mais pour l’heure, le sentiment qui m’habite est la reconnaissance envers les six compagnons qui ont accepté de s’engager dans cette expérience première.

Merci à Nicole, Jeannine, Cécile, Coline, Michel et Jean-Jacques.

Merci également au Théâtre aMOk, particulièrement à Ronan Cheviller et Anne Neyens.

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PS : Une première lecture publique a eu lieu hier en petit comité. Une seconde devrait avoir lieu dans les semaines qui viennent dans une salle de théâtre de Nantes. Restez informés…

4 réflexions sur “Quand mes mots deviennent les leurs

  1. Je viens de rentrer dans votre blog,envoyé ce matin par Jean Jacques… j’ai poussé la petite porte et j’ai croisé des mots, des êtres, j’ai aussi dans certaines rubriques, retrouvé les miens, mes impressions, en particulier ceux jetés avec les pétales bleus perdant la vie sur leur coussin rouge….j’aime bien la sensibilité de vos mots…émotion
    A bientôt
    Alis Thebe

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