Je la connais grâce au chien

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Photo reprise du site https://wamiz.com, « Le site des animaux de compagnie »

– Je ne la vois pas souvent. Cette femme-là, je la connais grâce au chien. Hein, Bouboule, c’est vrai que tu l’aimes bien ?

Deux femmes discutent dans une allée du parc autour d’un chien qui frétille de la queue.

L’une, je l’ai connue grâce aux canettes qu’elle vient ramasser tous les matins dans les poubelles du parc. Depuis, je la salue quand je la croise. Ce matin, elle était occupée à nourrir les pigeons et les poules, trop fière de me montrer qu’ils se perchent sur son bras ou viennent picorer dans sa main.

L’autre, je ne la connais pas. Je marche trop vite pour susciter l’intérêt de son chien.

Combien de conversations n’ai-je pas surprises autour de chiens qui se tournent autour, se reniflent, tirent sur la laisse pour inciter leurs maîtres à s’arrêter le temps qu’ils règlent leurs propres affaires au ras du sol ? Alors on parle des chiens. C’est un sujet inépuisable. Se parlerait-on s’ils n’étaient pas là ? Aborderait-on un inconnu sous les arbres s’il n’était pas devancé par une peluche à quatre pattes qui ne sait même pas parler, mais qui a le don de faire parler ? La femme seule n’a pas peur d’être approchée dès lors qu’on s’intéresse à son fox-terrier. Elle s’en montre même flattée.

Il y bien sûr les chiens vindicatifs qui courent loin devant leurs propriétaires, qui ont même de la peine à les rattraper, ceux surtout qui vous foncent dessus avec des intentions si peu engageantes que vous craignez le pire. Mais le temps que leur maître rapplique, vaguement essoufflé, il vous explique benoîtement que « non, elle n’est pas méchante (parce que, bien sûr, c’est une chienne), elle aime bien jouer » ! Le bestiau vous tourne autour sans ménagement, vous devinez qu’il rêverait de vous sauter dessus, mais puisqu’on vous le dit, vous n’avez rien à craindre. Vous regardez le type qui se repaît de votre embarras et vous vous en venez à penser que c’est un scénario bien rodé : l’agressivité de cet homme, sa haine du monde trottent devant lui en éclaireur, elles s’expriment avec l’aplomb d’un fauve livré à lui-même, mais chaque fois, il intervient à temps pour ramener le calme et se donner le beau rôle. Il vous a encore une fois permis d’éviter le pire. Pour un peu, vous lui en seriez reconnaissant.

Ah les chiens !

Pendant ce temps-là, les deux femmes continuent de bavarder autour de ce corniaud court sur pattes qui agite sa queue en cadence. C’est leur agent de relations publiques, leur compagnon fidèle, leur ange gardien. Elles n’ont pas fini d’en parler.

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