Il revient

Photo : Sylvain Maresca

Il fait jour de plus en plus tôt
et nuit de plus en plus tard.
C’est d’une banalité réconfortante.
Longtemps, mes humeurs noires
ont reflué pour un temps,
un temps seulement,
devant l’offensive du printemps.
Le réveil de la Nature me remettait à l’heure
comme on règle au doigt les horloges en merisier.
Au creux de mon hiver sombre vivotait,
pâle comme une endive dans la cave,
la certitude que, quoi qu’il arrive,
quoi que je fasse,
euphorie ou dépression,
le printemps reviendrait.
Je suis né en mai, voilà pourquoi.
Depuis, le retour des beaux jours
m’est une joie, mais plus un remède.
Mon salut n’a plus la fragilité
des coroles qui se fanent au moindre vent.
Pourtant, mon esprit n’est pas serein
face à une toute autre menace :
aujourd’hui, ce sont les sombres humeurs du monde
qui nous questionnent : jusqu’à quand ?
Jusqu’à quand les crocus qui percent la neige ?
Jusqu’à quand les oiseaux qui saluent l’aurore ?
Jusqu’à quand la mue des insectes
sous la chaleur caressante du soleil ?
Jusqu’à quand les bourrasques de pétales,
la blancheur des cerisiers,
le parfum sucré des mimosas ?
Jusqu’à quand ?

Retrouvez mes billets précédents sur le printemps.

2 réflexions sur “Il revient

  1. On peut comprendre cette inquiétude, mais la terre fut, est et sera encore longtemps après notre passage. Renouvelée et tjrs aussi belle, sauf que nous ne le verrons pas.

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