L’amorce de l’été

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C’est d’abord léger, à peine perceptible. Un souffle d’air l’annonce au matin lorsque le soleil darde ses premiers rayons sur la tonnelle. Avec la chaleur qui s’annonce monte un arôme douçâtre de seringat que les abeilles, tôt levées, vibrionnent et dispersent dans la cour. A mesure qu’elles s’élèvent dans le ciel, le soleil aspire ces effluves qui s’infiltrent dans les étages de la demeure à travers les persiennes entrouvertes, caressant les draps, les tentures, les tapis qui absorbent cet avant-goût d’été. La maison craque de toute part et lâche des courants d’air qui traquent l’humidité de l’hiver en soulevant une poussière scintillante, zébrée de mouches. Cette ivresse de senteurs retombe avec la nuit qui étend sur l’horizon humide des prairies environnantes un linceul odorant que l’aube soulèvera pour renouer jour après jour avec les mille parfums du vivant.