Quelques pousses de lierre, aux avant-postes, ont hasardé les premières lignes du dessin. Ce matin-là, le mur exhalait une humidité organique. Il respirait une épaisseur de vie qui nappait ses pierres d’un velours prometteur. En fait, il réfléchissait.
Je la verrai dans un mois, mais j’y pense déjà. Je prépare mon entrée en matière, je cherche les premiers mots que je vais lui dire. Je redoute son accueil, je ne suis pas sûr qu’elle comprendra ma démarche, mon insistance à revenir la voir après une si longue absence. Nous ne sommes pas intimes, c’est délicat. Elle a accepté le rendez-vous, mais sait-elle ce que je lui veux ? Elle doit s’interroger. Je ne voudrais pas l’indisposer, la mettre dans l’embarras. Si elle se sent obligée de m’écouter, ne serait-ce que par politesse, son attention sera de pure convenance. Ai-je bien fait d’insister pour la voir ?
Le voilage ondule sous la brise qui filtre entre les battants de la fenêtre, tandis que le jour décline à l’abri des grands arbres du parc. Une odeur d’herbe fauchée monte de la pelouse qui s’étend depuis le perron jusqu’au bassin. Un silence peuplé d’insectes en mouvement accompagne cette pause de la nature qui se prépare à la nuit. L’étoffe frise mollement. Les papillons brodés dans les replis du rideau prennent vie insensiblement, propulsés sans le moindre bruit par une lumière dorée qui irise leurs écailles. Leurs ailes se détachent du tissu et commencent à battre. Ils forment à présent une nuée éphémère qui flotte autour de la fenêtre dont elle percute les vitres, avant de s’en écarter pour investir la pièce, gagnée par la pénombre.
Alors que, l’été aidant, la vie reprend avec appétit, non sans traîner son fardeau d’incertitudes, je vous invite à découvrir ou à réécouter Le jardin des alternatives, une mini-série radio dans laquelle j’aborde les perspectives du « monde d’après », pour reprendre une expression à la mode, à travers les projets de vie discordants et les débats entre cinq étudiants « confinés » dans leur colocation.
Le lien avec Prun’, la radio étudiante de Nantes, qui en a assuré la production, n’étant plus opérationnel, voici directement les 4 épisodes :