Retraite/Jubilation ?

Screenshot-2017-9-25 jubilacion chez DuckDuckGo
Traduction : « Comment ça va ta retraite ? Comme sur des roulettes. » Sur l’étiquette : « Hors service ». Sur la pancarte : « Déchets ». (capture d’écran du site : http://www.empresadata.com/blog/2013/la-jubilacion-de-los-trabajadores-autonomos)

Qu’est-ce que cesser de travailler quand est venu l’âge de la retraite ?

Se retirer sur la pointe des pieds, gauchement, comme si l’on n’était pas sûr d’y avoir droit ou même de se l’autoriser ?

Se voir poussé vers la sortie par ceux, si nombreux, qui lorgnent l’appel d’air engendré par notre départ ?

Se sentir soudain inutile, désœuvré, tenaillé par l’ennui, à chercher comment on pourrait bien occuper ses journées ?

Affronter la solitude qui n’attendait que ça pour nous enliser dans sa torpeur ?

S’inventer de nouvelles tâches, se précipiter vers des obligations inédites, histoire de se justifier et de pouvoir encore regarder en face ceux qui continuent à travailler ?

Brandir ses décennies de labeur pour rester convaincant aux yeux des enfants qu’on encourage à s’investir à leur tour dans le travail ?

Ou bien :

Se permettre quelques menus plaisirs, en douce, lorsqu’il n’y a personne pour nous voir, entre deux obligations plus respectables ?

Jouer au scrabble toute la journée, déguster un apéro quotidien (on n’a qu’une seule vie), regarder les émissions de jeu à la télé, faire la sieste comme les chats ?

Partir du jour au lendemain vers des nouveaux horizons comme si seul le dépaysement pouvait inaugurer une nouvelle existence ?

Rayonner de joie tellement nous soulève le bonheur d’avoir échappé au travail, afficher un bronzage inaltérable, jubiler enfin ?

Savez-vous qu’en espagnol, la retraite se dit « jubilacion » ? Quand nous, Français, nous nous retirons, battons en retraite, eux jubilent. Quelle santé ! Quelle franchise ! Quelle ironie !

Ce terme vient de la très ancienne tradition du « jubilé ». Tous les 50 ans, chez les Juifs, advenait une année à caractère sabbatique : on ne travaillait pas la terre, on libérait les esclaves et chacun rentrait dans ses possessions. Par la suite, l’Église catholique institua, plutôt tous les 25 ans, des jubilés à l’occasion desquels s’octroyaient des indulgences au prix du jeune, de l’aumône et de la prière. On célèbre encore le jubilé d’une reine  (inexorablement en activité…) ou de certains grands joueurs de foot retirés des terrains – ce qui nous ramène à la question de la retraite.

Lorsqu’on a dûment travaillé son temps, a-t-on droit à la jubilation ici et maintenant, sans attendre l’au-delà et ses mystères ? Ou bien est-ce un droit qu’il nous faut encore conquérir, nous autoriser, apprivoiser ? Quelle nouvelle sorte de travail devons-nous développer pour y parvenir ? Sommes-nous seulement prêts à jubiler sans effort préalable, sans avoir rien fait pour le mériter ?

Qu’est-ce que cesser de travailler lorsque le travail demeure si profondément incrusté dans notre esprit ?

5 réflexions sur “Retraite/Jubilation ?

  1. Sylvain, je jubile rien qu’à l’idée d’en approcher de cette retraite. Du jour où j’ai eu 60 ans, peut-être parce que c’était l’ancien âge de la retraite, je me suis sentie repartir vers une belle décennie, une envie débordante de projets, etc. Alors oui, jubile plutôt deux fois qu’une et si tu as des envies de projets socio-photographiques jubilatoires, je suis partante! En espérant bientôt trinquer avec toi à cette nouvelle vie…

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  2. Ce n’est pas nécessairement une question de « travail », plutôt d’activité, dirions-nous. Beaucoup de retraités sont bien plus actifs que bien des jeunes ! La seule règle est de ne pas rester seul, sinon on se renferme, on tourne en rond avec les mêmes activités, et on ne stimule plus son cerveau. Les retraités ont le même problème que les demandeurs d’emploi de longue durée. Le remède est simple : rencontrer de nouvelles personnes ! Et si possible, de tout âge !

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  3. Bien sûr aujourd hui c est plutôt 62 ans…
    Mais l âge officiel n est pas forcément en rapport avec ce désir de changer, de vivre autre chose, de vivre autrement!
    J ai perso éprouvé ce que j appellerais les petites retraites ou les grandes vacances, mais là, maintenant, j ai une envie urgente de tourner « définitivement » la page!
    Cette « jubilacion », je l accueille comme un cadeau, un présent et je remercie l Opportunité divine (oui, j ose le dire), pour célébrer bientôt la concrétisation de ma retraite…. pas dorée je vous l assure, mais riche sous infiniment d autres aspects!
    Je suis consciente que je quitte volontairement certaines contraintes pour en rencontrer d autres, volontairement, mais c est bien de mon propre gré, mon libre-arbitre… et je comprends mieux aujourd hui, la langue et culture espagnole qui parle de Jubilation!
    Je bas en retraite et je jubile en même temps… Quel paradoxe!
    Bonne jubilation et toute mes félicitations aux futurs heureux retraités….
    Estelle dézétoils

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  4. Cadre dans le conseil puis en collectivité , j’ai travaillé sans compter parfois 7 jours sur 7 , 10 heures par jour alors oui je jubile de pouvoir partir à 60 ans, nos dirigeants ont ils conscience de cette réalité ? Je ne pense pas être seul dans ce cas, Attention dans ce monde hyperconnecté à côté de la pénibilite physique, il va y avoir la penibilite mentale qui arrive à grand pas,…non le recul de l’âge de la retraite n’est pas là solution…..regardons du côté d’une solidarité intergenerationnelle plus forte, certains retraités ou futurs retraités dont je fais parti, peuvent donner quelques euros de plus…les cotisations des plus aisés peuvent être augmentées….

    Que le débat de ces prochaines semaines soit constructif et non dogmatique

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