La plante qu’on avait mise à tremper dans l’évier de la cuisine, a refleuri ce matin.
Faute d’être arrosée, elle s’étiolait depuis des mois, figurant dans sa flétrissure l’épuisement non moins critique de sa propriétaire. L’une comme l’autre se retranchait dans ses dernières réserves, la peau aussi ridée que les feuilles. La main décharnée n’avait plus la force ni même l’envie, encore moins le souci, de prendre soin des ramifications effondrées sur la terre craquelée.
Pourtant, la vie n’avait pas encore déserté ses tissus. Elle végétait, comme on dit, pour souligner la formidable résistance des plantes à l’adversité ambiante.
L’appartement est vide désormais, déserté par la vie, tandis que la plante, de son côté, a recouvré sa vitalité et poussé à la face du monde de nouvelles fleurs, fragiles mais pleines d’espoir, comme un pari sans fin sur l’avenir, une confiance qui ne connaît pas le doute, l’envie, l’instinct de vivre à tout prix.
La plante a refleuri ce matin.