
Le tuyau ne goutte plus, le jaune pâlit, le plastique craquelle.
Une racine s’est infiltrée à l’autre bout qui aspire l’eau à rebours,
ou ce qu’il en reste.
La végétation s’est lancée dans une offensive de grande envergure.
J’ai vu des piscines siphonnées en une nuit par les stolons géants d’un massif de fraisiers.
Tout est devenu démesuré dans cette guerre de l’eau.
Ailleurs, le carrelage s’effondre sous les coups de butoir d’un orme irascible.
L’eau du bassin s’engouffre dans une crevasse apparue après l’orage.
Désormais inaccessibles, les rivières sont flanquées de ronces impénétrables,
de taillis jaloux, de herses d’osiers entremêlés.
La Nature a repris le contrôle de l’eau pour s’en réserver l’usage,
excédée par la soif lancinante que lui infligeait l’avidité de l’Homme.
Elle sait faire, ses tours sont immémoriaux, il lui a suffi de les raviver,
avec cependant une dose de colère qu’on ne lui connaissait pas
ou plutôt qu’on ne lui permettait pas.
Oui, mais voilà, la Nature en a marre et elle le fait savoir.
L’eau lui revient en priorité, elle coule désormais à l’envers des tuyaux,
vers le fond des piscines, à travers les fissures des canaux, des réservoirs.
Elle est redevenue mobile, agile, insaisissable,
pluie ou courant, sans phase intermédiaire,
alimentant un bruit permanent, qui murmure ou qui gronde,
supplique ou avertissement pour qui ne voudrait pas comprendre.
L’eau retourne à la source,
qu’on se le dise.
Bien vu! La guerre de l’eau est en marche…
Mais la nature l’emportera
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J’aime les stolons géants de fraisiers. L’Amazonie en Europe. Cette annee, on a vu combien la nature reprend vite ses droits quand l’humain disparaît…j’en rêve.
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