
Trois femmes, trois Jeannine.
Avec e, sans e, deux n ou un seul,
infime distinction orthographique
qui passe inaperçue.
Appelez « Jeannine », « Jeanine » ou « Janine »,
trois visages se tournent vers vous.
C’est d’un pratique !
On se croirait à la montagne
aux prises avec un écho entêtant :
Jeannine, Jeanine, Janine !!!
Et en plus, ce sont de bonnes copines,
toujours fourrées ensemble,
un trio homonyme,
une phalange de choc,
soudée « comme un seul homme »,
sauf que ce sont trois femmes.
Les trois Jeannine.
Avec un nom comme ça,
elles pourraient monter un numéro,
un « three women show »
qui jouerait sur le quiproquo,
ou plutôt sur le quiproqui,
avec la verve de Raymond Devos
pour exploiter jusqu’à l’absurde
les marges de confusion,
d’équivoque,
de faux semblants,
de répétition,
de tête-à-queue,
de renversement,
de retour à l’envoyeur,
ouvertes par l’impossible dialogue
entre trois personnes indiscernables.
Les trois Jeannine, quant à elles,
n’ont que faire de l’embarras des autres.
Elles ne se trompent jamais,
ne prennent jamais l’une pour l’autre
et poursuivent inlassablement
une conversation qu’elles seules comprennent.
Il fallait vraiment qu’elles se trouvent,
ces trois-là.