On célèbre ces jours-ci le cinquantenaire de la sortie de l’album des Beatles Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Lancé le 1° juin 1967, il connut aussitôt un succès phénoménal dans les hit parades. L’été 1967 fut donc celui des Beatles et particulièrement de certaines de leurs nouvelles chansons, au premier rang desquelles All You Need is Love.

Cet été-là, nous passions nos vacances en Italie, sur les hauteurs du lac de Côme. Nous logions dans un petit village, Logo, tout en ruelles étroites et vieilles pierres, qui nous offrait, à la nuit tombée, un balcon superbe sur le scintillement des lumières du lac. Alfredo, notre logeur, s’était expatrié comme mineur en Belgique, avant de revenir vivre sa retraite dans son village, comme le paysan qu’il n’avait jamais cessé d’être dans l’âme.

Nos journées, nos sorties balançaient entre l’exploration des hauteurs du lac, paysages secs, éblouissants, de chemins à flanc de montagne, de chapelles isolées, de villages tapis sous la chaleur, d’alpages livrés aux troupeaux – un monde paysan encore vivace, peuplé, empreint de lenteur, prodigue en efforts physiques, travailleur, sans confort -, et la descente vers les rives cossues du lac, ses hôtels de luxe,  ses villas-musées, ses rues commerçantes, la noria des bateaux qui transportaient des cohortes de touristes d’une extrémité à l’autre, ses quelques aires de baignade.

Ici aussi, la « Beatlesmania » battait son plein. La couverture ultra-kitch de leur dernier album s’affichait partout.

Chaque fois que nous l’apercevions dans la boutique d’un magasin, mon frère et moi nous mettions au garde-à-vous pour entonner les premières mesures de la Marseillaise puis, comme dans la chanson, partir en beuglant « Love », « Love », « Love », écroulés de rire devant la surprise des passants et l’air mi-apitoyé mi-réprobateur de nos parents. Nous ne nous sommes jamais sentis aussi patriotes, ni aussi joyeusement provocateurs que cet été-là grâce aux Beatles.