Le générique de fin du film Tout ce qu’il me reste de la révolution – film drôle, tendre, pétillant de vie sur l’héritage en loque des idéaux révolutionnaires et leur difficile reconversion dans le marasme actuel – se déroule sur les accents d’une chanson qui m’a fait monter une bouffée de nostalgie. Sur le moment, ni le titre (Les Tuileries), ni les interprètes (Camélia Jordana et Bertrand Belin) ne me disaient rien, mais la chanson, oui. Je la connaissais, forcément, mais pas sous cette forme, chantée autrement.
Ce germe d’incertitude a fait son chemin dans ma tête, comme un lombric progressant sous la terre, jusqu’à faire jaillir un nom : Colette Magny. C’était elle, l’interprète de la chanson telle que je la connaissais : « Nous sommes deux drôles, aux larges épaules… » Colette Magny, chanteuse douloureuse des années de militantisme, livrant sous ses airs maternels un blues rauque qui, en ces années-là, me plongeait dans la mélancolie. Mais il s’agit ici d’une chanson enjouée, provocatrice et délicate.
La voici si vous ne la connaissez pas.
Il s’agit d’un extrait d’un poème de Victor Hugo, qui s’intitulait initialement Chanson des deux barbares.