Épisode précédent.

Lui, absent de son corps. Elle, vive et bondissante.

Lui, grand, mince, habillé sans recherche, pour se couvrir, simplement.

Elle, bien en chair, heureuse de ses formes. Vêtue de couleurs et d’atours, foulard brodé, bracelets, bagues, boucles d’oreille. Rien de précieux, que des reflets chatoyants pour rehausser l’éclat de ses yeux.

Lui, le regard incertain, tâtonnant comme le ferait un aveugle. L’air de regarder sans voir, ou bien au travers. Un regard plus perçant que ciblé, vaguement gênant.

Elle, des yeux clairs, d’un bleu céleste, mais tellement présents, vivants, sans cesse en mouvement comme si rien ne devait leur échapper, comme si tout les intéressait, les captivait, les émouvait.

Lui, l’air absorbé, plongé quelque part entre son enveloppe corporelle et le centre de son cerveau, aspiré vers quelque profondeur obscure qui le tiendrait en alerte. Une sorte de puits sombre d’où il guetterait des échos, un soupir, des relents d’histoires.

Elle, toute en surface, sensible comme une pellicule, réceptive à la lumière, à la chaleur qui émane des êtres, à ce langage intuitif qui les relie et parfois suffit à les faire se rencontrer. Sans cesse tendue dans la perception, la sensation, l’émotion. Prête à rire comme à pleurer, à toucher pour mieux ressentir.

Lui, distant, comme s’il n’avait ni peau ni mains.

Elle, volubile. Lui, mutique.

Elle, émaillant chacune de ses phrases d’un accent épais et doux, qui révèle ses origines slaves. Tout comme son rire.

Lui, parlant entre ses dents, en attente d’une compréhension à demi-mots, même de ceux qui ne sont pas ses intimes.

Entre eux, une distance, une étendue béante, comme celles qui séparent les galaxies.

Et pourtant…

(A suivre…)