Comment se sont-ils retrouvés ces trois voyageurs qui suivaient des étoiles différentes, voire une myriade d’étoiles ? Nul ne le sait. Par une nuit aussi froide et humide que les autres, l’arpenteur inlassable venu de Chine, le pâtissier qui farinait loin de la Méditerranée et le vagabond drapé dans les plis de la nuit africaine convergèrent vers une place qu’illuminaient les guirlandes de Noël.
Pourtant, nul bébé dans la paille, pas de religion à créer, de foi à célébrer, aucun mystère à propager. Le temps n’était plus aux croyances millénaires. La nuit sans épaisseur ni histoire n’annonçait aucun renouveau, rien d’autre que la lente extension des jours qui finirait bien par déboucher sur le printemps.
Ils se reconnurent, se saluèrent dans leurs langues respectives avec des gestes de bienvenue que l’on apprend aux enfants dès leur plus jeune âge. Puis, ils s’assirent à même le sol, le dos tourné à la ville qui, toute à son insomnie, vibrionnait sans relâche. La lumière des guirlandes éclaboussait leurs épaules d’éclats miroitants, multicolores et insaisissables, qui les parait d’un brocart princier de pure illusion.
Indifférents à ces chimères, leurs regards échangeaient des questions muettes, partageaient des doutes depuis trop longtemps ressassés, quelques rares révélations et surtout l’irréductible dissemblance de leur vision du monde. Cette méditation commune forgeait entre eux un courant d’énergie plus puissant que les soubresauts des lumières environnantes, si bien que lorsque celles-ci s’éteignirent subitement, ils ne perçurent nullement le changement, plongeant dans l’obscurité comme trois canards imperméables à l’eau.
Mais derrière eux s’avançaient déjà les chasseurs : un cordon de policiers qui bientôt les encercla.

Bonjour Sylvain,
Enfin, j’ai pris le temps de lire les 3 contes et l’épilogue.
Je te félicite, c’est émouvant et d’actualité. Bravo à toi et bonne fin d’année.
Bises d’Annick
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