C’est évident,
réjouissant,
éblouissant :
LE PRINTEMPS EST LÀ !
Une merle femelle apporte sans relâche des matériaux pour construire son nid dans le camélia des voisins.
Des abeilles se sont établies dans les montants creux de nos fenêtres.
Notre haie bruisse d’une nuée de moineaux piaillards.
Des fourmis ont tenté une incursion dans la maison.
Notre chat a commencé à rapporter des lézards.
Les arbres fruitiers sont en fleurs.
Des gendarmes s’agglutinent sur une souche.
Les poules se sont remises à pondre.
Toute cette vie palpite sans rien savoir de l’épidémie qui nous frappe. C’est réconfortant.Pourtant, quelle est cette profusion qui sème indistinctement la vie et la mort ? Le pollen par milliards de grains et le virus par milliards de germes ? Pourquoi engendrer la vie pour la détruire tout aussi ardemment ? Connaîtrons-nous jamais les véritables raisons de la Nature, à supposer qu’elle en ait, en dehors de l’opposition, parfois frontale, dévastatrice, entre les contraires ?
L’application de l’oiseau, de l’insecte, des lombrics à exercer leurs fonctions d’êtres vivants, celle des virus à se reproduire uniment, sans le moindre partage entre le Bien et le Mal, nous renvoient à la fragilité de notre espèce. Nous les humains, qui nous croyons si forts, si dominateurs au point d’avoir altéré le climat de la planète, nous voici à la merci d’une maladie qui n’affecte même pas les souris. La Nature, que nous pensions avoir soumise, a jeté dans nos rouages un grain invisible, infiniment plus petit que le sable, qui a suffi pourtant à enrayer notre mécanique et à menacer nos vies. Un sursaut comme une vengeance sourde, une revanche ou, au contraire, un emballement, le signe de l’incontrôlable qui emporterait désormais les équilibres patiemment mis au point par des millions d’années d’évolution. Victimes à notre tour de ce dérèglement, nous assistons, impuissants, au retour du printemps qui cette fois ne nous garantit aucune embellie.
Admirons néanmoins les fleurs pour leur abandon aux forces de l’instant, les animaux pour leur obstination à vivre, et le printemps pour son orchestration grandiose, exubérante, de ce regain d’énergie dont nous aurons besoin pour lutter contre la maladie et surtout, au delà, pour nous employer à mieux vivre.
Photos : Sylvain Maresca
Comme tout cela est bien dit et tellement véridique
L’humanité est bien petite devant une telle catastrophe
Gardons l’espoir
Annick
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merci Sylvain pour ces réflexions et ces instants fleuris. en effet tout cela est troublant …
espérons quelques prises de conscience à la sortie du tunnel …
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Très beau texte, évoquant bien les paradoxes ou contradictions apparentes de la vie et de la mort, du bien et du mal.
Et Porte toi bien !
Bises Laurent
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Merci pour cette belle réflexion sur la nature que nous nous ingénions à détruire.
Mais ce cataclysme nous fera, je l’espère, changer radicalement notre comportement.
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