
Pourtant, les aménageurs avaient bien fait les choses : de part et d’autre de la pelouse fraîchement ensemencée, ils avaient installé un escalier en bois pour les promeneurs et un accès en pente douce servi en bas par une chicane qui interdisait le passage aux engins motorisés. Tout était prêt pour une promenade paisible au bord de la rivière.
Las, peu à peu, mais non moins obstinément, les passants se sont mis à couper à travers la pelouse sur laquelle leurs pas répétés ont dessiné un sentier de plus en plus marqué, de plus en plus large, un de ces passages spontanés que les urbanistes, mi-fatalistes mi-envieux, désignent pas le joli vocable de « ligne de désir ».
Une ligne de désir est en zone urbaine un sentier tracé graduellement par érosion à la suite du passage répété de piétons, cyclistes ou animaux. La présence de lignes de désir (à travers les parcs ou terrains vagues) signale un aménagement urbain inapproprié des passages existants. (Wikipedia)
L’eau ne cessant de monter sous l’effet des pluies incessantes et de la hausse du niveau de la mer, la rivière à son tour s’est affranchie de son lit balisé jusqu’à venir lécher le bas de la pelouse. Les chemins qui la longeaient ont disparu, on y circule désormais en bateau et la ligne de désir est devenue une piste d’accès pour descendre les embarcations jusqu’au bord de l’eau. Elle s’est élargie et creusée d’autant d’ornières que de roues de remorques. On dirait à présent l’entrée d’un chantier où l’herbe fait figure de pâle vestige d’un rêve d’aménagement paysager.
Bientôt, la montée des eaux, que rien ne semble pouvoir freiner, engloutira ce qu’il reste encore d’herbe, et la mer viendra jusqu’ici mêler ses eaux salées aux ruissellement des pentes environnantes. Un nouveau paysage naîtra qui, lui, résultera de quel désir ?
Un nouveau paysage naîtra : qui ou quoi sera son désir ? Le non désir du désir peut-être.
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Complexe, complexe…
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Tout à fait d’actualité
Biz
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