« Les orties continueront à pousser, même si je les arrache cent fois, et elles me survivront. Elles ont tellement plus de temps que moi. »
(Marlen Haushofer, Le mur invisible, Arles, Actes Sud, collection Babel, 1992, traduit de l’allemand par Liselotte Bodo et Jacqueline Chambon, p.215)
Cette belle citation me fait penser à la réflexion lucide du paléontologue Stephen Jay Gould qui nous rappelait que, si l’humanité venait à disparaître, les fourmis ne se seraient même pas rendu compte de son existence.
Je trouve cette perspective rassurante. Savoir que la Nature poursuivra son cours immémorial quoi que nous lui fassions et quoi que nous devenions. Quelle nous ensevelira dans son oubli pour continuer son œuvre sous une forme ou une autre. Que nous ne sommes et ne serons jamais qu’un élément parmi d’autres dans son œuvre – qui d’ailleurs peut se passer de nous.
Les orties poussent à foison sur les anciens enclos de bétail dont elles reverdissent les formes géométriques, tandis que les fourmis ratissent aussi bien les poubelles des stations d’autoroute que les troncs pourris dans les sous-bois.
Ça pousse, dans tous les sens du terme, et ça nous pousse dehors. Saurons-nous juguler notre voracité insatiable, notre obésité ridicule, ou deviendrons-nous les victimes de leur croissance et de leur appétit méthodiques ? À nous de voir. Pendant ce temps-là, les orties prolifèrent sur nos ruines et les fourmis galopent sur nos déchets. Le temps presse.
Très intéressant… et oui ! c’est la bonne marche de la nature !!!
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